Un conteur ? C'est quoi ?

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Un conteur est un de ces artistes qui n’ont rien à montrer, un artiste du verbe. Tout se passe entre des bouches et des oreilles.
L’art du conteur consiste à faire émerger dans l’imaginaire de ceux qui écoutent, des personnages qui vivent des « aventures » dans des décors appropriés. Parfois, ça croise ou ça génère de belles idées ; et tout ça avec des mots, prononcés à haute et intelligible voix.
A l’heure de Netflix et du smartphone, d’aucuns y verront un archaïsme, d’autres, une forme de résistance. Résistance, sûrement, à la dictature de l’image, mais aussi à la tendance à l’effacement de la présence charnelle dans les relations entre les humains.
Archaïsme ? Comment peut il en être autrement ? « Au commencement était le verbe » dit-on. Dès qu’on a eu le verbe, on a raconté ; et depuis, l’art du conte, compte parmi les premiers des "arts premiers".
Sans conteur il n’y aurait pas de mythologie, pas de généalogie, pas d’Histoire avec un grand H, pas de philosophie, pas de poésie.

Une vieille histoire, donc, mais toujours vivante et même, plus que jamais.

L’art du conteur s’appuie sur quatre pieds, comme un tabouret. Le premier pied nous dit :
« Je suis toujours à l’abri et pourtant, je suis toujours mouillées. Qui suis je ? Je suis la langue ; la langue dans laquelle s’exprime le conteur bien sûr, et croyez moi on conte dans toutes les langues. Et lorsqu'on conte en français, une langue avec ses bonheurs et ses vicissitudes, il n’est pas simple d’improviser au passé simple ou à l’imparfait du subjonctif tout en respectant des liaisons pas toujours très n’a propos ?… T’à propos ?...
La langue c’est aussi celle qui s’agite dans la bouche du conteur et contribue à former les sons qui vont former les syllabes qui vont former les mots qui vont former les phrases qui vont former les histoires...
Les histoires : elles constituent, le second pied du tabouret de l’art du conteur. Il se raconte d’ailleurs, dans chaque culture, une ou plusieurs histoires expliquant l’origine

de leur présence dans le monde. En Afrique de l’ouest, au Tibet, au moyen orient, en Irlande.
Le troisième Pied du tabouret de l’art du conteur c’est… Ah zut ! On la perd quand on voudrait en avoir… Et quand on la retrouve il est souvent trop tard... La mémoire, c’est ça, c’est la mémoire. Celle que le conteur cultive tout au long de son existence mais qu’il finit par perdre au soir de sa vie.
Mais de cette mémoire là, le conte n’en a cure.
Celle qui intéresse le conte c’est la mémoire du désir, de l’envie, de la jalousie, de l’humiliation subie, de la joie du but atteint, des revers...
Le quatrième pied du tabouret de l’art du conteur, ce sont les oreilles, celles de ceux qui l’écoutent. Ceux là, le conteur voudrait les captiver, les mobiliser pour que dès demain, ils racontent à leur tour afin que les contes ne deviennent pas tous des séries américaines ; ceux dont il espère la complicité en résistance.

Et maintenant que vous savez tout de l’art du conteur... Une petite histoire ?

Date de dernière mise à jour : 16/04/2023

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